Le Beriev Be-200 construit par l’avionneur russe Beriev, membre du consortium United Aircraft Corporation, était la tête d’affiche du Rassemblement International d’Hydravions, à Biscarrosse ce week-end. Équipé de huit réservoirs d’eau, quatre écopes rétractables pour être capable d’écoper 12 tonnes d’eau en 14 secondes et de délivrer un largage de 8 séquences, cet appareil multirôle assure en ce moment une véritable tournée pour démontrer aux utilisateurs potentiels sa capacité de passer rapidement d’une configuration lutte anti-incendie à des missions de transport, SAR, MEDEVAC ou de fret, grâce à une porte cargo équipée d’une grue de levage intégrée.

 

Depuis le passage de sa certification européenne, obtenue en 2010 avec le soutient d’Airbus, et l’annonce récente d’un accord relatif à sa remotorisation avec le moteur SaM146 PowerJet, l’avion qui suscite de plus en plus d’émulation envisage maintenant une carrière internationale. Dès 2019 il devrait entrer en service aux États-Unis et peut-être dans la foulée au seins d’États membres de l’Union européenne.

/// Un appareil moderne et polyvalent

Le BE-200 a volé pour la première fois le 24 septembre 1998 et a obtenu en Russie sa certification de type en 2003 pour la version cargo utilisée dans les steppes en Russie. En 2007 il obtient en complément la certification pour la version passager ainsi que celle de nuisance sonore puis la certification RCT-EASA en septembre 2010, après cinq bonnes années de travail aux cotés d’Airbus. Pour accompagner et guider ingénieurs russes vers la certification européenne, Airbus a dépêché des ingénieurs sur place pour les guider, avec comme feuille de route le passage d’un cockpit russe à un cockpit anglais mais aussi celui d’un avion mécanique à un avion Fly-by-Wire doté de commandes de vol électriques. Avec cette évolution majeure, le BE-200 bénéficie maintenant d’une avionique tout écran.

 

Sa conception moderne et son look racé rassemblent le meilleur de la technologie et du savoir faire russe, notamment en matière d’hydrodynamique et d’aérodynamique pour proposer un moyen particulièrement polyvalent, pouvant tant-tôt être affecté à des missions anti-incendie, de transport gouvernemental, SAR ou cargo. Un atout de taille face à la concurrence.

/// Un moteur plus puissant pour le feu

Le choix d’une remotorisation annoncée officiellement en mai dernier par la signature d’un accord de principe, s’est porté sur le moteur SaM146, qui équipe le Sukhoi SuperJet 100. Un moteur très fiable fabriqué par PowerJet, coentreprise de Safran Aircraft Engines et UEC Saturn. Développé à partir du CFM International CFM56, le SaM146 cumule 875 000 heures de vol auprès d’une quinzaine d’opérateurs en affichant un taux de disponibilité de plus de 99,9% et bénéficie du support CMF56. Ce moteur très réactif aux commandes est équipé d’un Fadec qui lui permet de passer d’un régime au ralenti à la pleine puissance en 8 secondes avec près de 80.0 kN de poussée unitaire.

 

Pour combattre le feu, le Beriev 200 dispose de 12 T d’eau et de 1,4 T de produit retardant qu’il peut mélanger si besoin au moment du largage. Il est aujourd’hui opéré en Russie par EMERCOM pour le ministère russe des Situations d’urgence, qui dispose de 8 exemplaires en version russe (CHS), dont un exemplaire est exploité en leasing Azerbaïdjan. Ces appareils ont notamment participé, durant l’été 2010, à la lutte contre les gigantesques incendies de forêt en Russie mais aussi en Grèce, en Israël ou au Portugal. EMERCOM dispose aussi de 2 nouveaux avions BE-200 (ESE), le standard tel que défini par Airbus.

 

Ce combattant du ciel fait parti du cercle fermé des avions de lutte anti-incendie, comme les B748, B737, tracker ou Dash 8 convertis en bombardier d’eau mais se place surtout aux cotés des Canadair CL-415, eux aussi capables d’écoper de l’eau et de remplir les réservoirs au plus proche du front de l’incendie et dans un temps record.

/// Le BE-200 aux États-Unis dès 2019

Le BE-200 avec des moteurs modernisés se présente au bon timing pour pouvoir répondre aux besoins croissants du marché des avions destinés aux missions de sécurité civile et humanitaires. Car un hydravion bombardier d’eau, avec qui plus est des capacités de transport de personnes et de fret, est une garantie de pouvoir accéder et secourir les zones sinistrés les plus difficiles, notamment en territoires îliens et en cas de piste détruite ou impraticable.

 

La nouvelle direction de Beriev qui s’est installée aux commandes du constructeur il y a deux ans
a réussi à mettre en place une production industrielle d’hydravions, la seule en activité dans le monde, et s’appuie désormais sur des partenaires comme Global Seaplane pour commercialiser son avions auprès des territoires et soutenir les flottes à l’international. Si entre 2005 et 2012 Airbus était officiellement auprès de Beriev pour la certification de l’appareil, il n’a aujourd’hui plus aucun rôle si ce n’est celui d’observateur extérieur. Pour autant le groupe européen reste très proche du dossier, notamment via sa filiale Tarmac Aerosave, installée à Tarbes en France qui proposera des formations techniques sur cet appareil et envisage de réaliser des modifications pour convertir cet avion polyvalent en différentes configurations.

 

Après quelques jours de démonstration en région Nouvelle-Aquitaine, le Beriev 200 poursuit sa tournée de démonstration sous le regard des différentes sécurités civiles européennes et française par une escale en Corse, à Bastia, de manière à séduire et pérenniser le projet industriel du constructeur Russe qui vise une production pérenne de 4 avions par an.

Aux États-Unis, la commercialisation du Beriev 200 a déjà débuté avec Global Seaplane Air Services Inc., qui a signé un MoU à Moscou en 2017 pour 2 appareils en commande ferme et 8 autres en options. Ses avions seront opérés par International Emergency Services, un prestataire de service américain spécialisé dans la lutte contre les incendie. Selon les termes de l’accord, il est prévu que les deux premiers exemplaires de la commande soient livrés motorisés avec des D-436 TP normés EASA et les exemplaires suivants avec des moteurs SAM 146. En attendant une certification FAA, le premier exemplaire du BE-200 du contrat qui est attendu à l’horizon 2019 sur le sol américain, devait enter sur le territoire en version utilitaire et sera suivi d’un deuxième avion dès 2020. « Les États-Unis sont les plus intéressés par l’hydravion et aussi ceux qui en ont peut-être le plus besoin.» commente un proche du dossier. Rappelons que depuis 2 ans, le USDA Forest Service américain, agence qui gère les forêts nationales du pays,  autorise l’écopage sur le territoire pour lutter contre les incendies et l’utilisation de moyens appropriés. Ce changement de législation a non seulement permis l’arrivée de deux Canadair CL-415 en exploitation en Californie et a ouvert la voie au Beriev 200. Le gouverneur de Californie s’est montré le premier intéressé par le BE-200 en réservant des heures de vols pour la lutte anti-incendie mais l’Oregon et d’autres états périphériques convoiteraient aussi l’hydravion polyvalent, tout comme l’Australie, qui serait elle aussi sur la piste du Beriev 200.

/// Capacités et spécifications techniques du Beriev BE-200

  • Longueur : 32 m
  • Masse : 27 600 kg
  • Distance franchissable : 3 300 km
  • Plafond : 8 000 m

> Motorisation et vitesses :

  • Type de moteur : 2 réacteurs double-flux Progress D-436 TP (Marinisés / Poussée unitaire de 73,6 kN)
  • Vitesse de croisière maximale : 324Kt / 600
  • Vitesse maximale : 378Kt / 700 km/h
  • Vitesse de largage : 210Kt

> Configurations et capacités d’emport  :

  • Configurations transport de passagers : 70 PAX en version certifiée Russe
  • Cargo : 9T en cabine ou 12 t d’eau

/// Vidéo de la démonstration en vol


visuels : AAF et G.Carré

AAF /// END

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