En présentation cet après-midi au Muret, près de Toulouse dans le cadre du meeting aérien Airexpo, la Patrouille de France était basée pour quelques heures sur le tarmac de Toulouse Blagnac. Nous sommes allés à sa rencontre a l’occasion d’un vol d’entrainement et de repérage pour le show d’aujourd’hui.
Avec plus d’une quarantaine de représentations dans la saison, la Patrouille de France perpétue les traditions des pionniers de l’aviation en déployant l’excellence des ailes françaises de par le monde. Véritables ambassadeurs de l’armée de l’air auprès du grand public, les pilotes et leurs équipes sont une interface de connexion entre les forces armées et la nation. Sous les conseils des anciens et de sa propre équipe, le leader de la Patrouille de France crée chaque saison une nouvelle série de figures afin d’offrir entre 20 et 25 minutes d’émerveillement au public. La mise en place du programme de présentation et de la synchronisation nécessaire repose sur un entraînement intensif du mois d’octobre au mois de mai. Deux ou trois vols quotidiens permettent à l’équipe un apprentissage progressif et maîtrisé, d’abord à quatre puis à huit avions durant plus d’une centaine de vols.
Le spectacle s’articule en deux temps : une première partie appelée « ruban » symbolisée par les fumigènes des huit Alphajet qui permet d’admirer des figures lentes en formations telles que Canard, Flèche, Croisillon, Concorde,…puis la partie «synchronisation» qui présente des évolutions dynamiques et percutantes en groupe de 2, 4 ou 6 avions. Pour proposer le maximum de sensation au public tout en s’assurant une sécurité optimale, la Patrouille de France dispose de trois programmes de présentation en fonction de la météo du jour : beau temps, intermédiaire et mauvais temps.
L’hiver, la PAF accueille trois nouveaux pilotes de chasse justifiant d’un minimum de 1 500 heures de vol et de la qualification de chef de patrouille. Ils intègrent la Patrouille de France au poste de charognard, intérieurs gauche et droit. Une fois intégrer, les pilotes peuvent rester dans la Patrouille de France jusqu’à 4 années avant de laisser le manche à une nouvelle génération.
/// Une histoire débutée en 1931
Après les premières boucles réalisées par Adolphe Pégoud à bord de son Blériot XI en 1913, qui préfigurait de l’art de l’acrobatie aérienne, la première patrouille recensée est la patrouille d’Etampes crée en 1931 par un groupe de moniteurs de l’Ecole de Perfectionnement au Pilotage. Elle compte alors trois Morane Saulnier MS-230 et rejoindra la base de Salon de Provence en 1937 sous la dénomination de «Patrouille de l’Ecole de l’air». Entre 1934 et 1953, plusieurs autres patrouilles voient le jour en France. Parmi elles, la patrouille « Weiser », ou « Cirque Weiser » qui, dès 1934, fait voler ses avions attachés entre eux par des cordes et mettra en œuvre jusqu’à 18 appareils (Morane 225 et dSpad 510). La 3e escadre, quant à elle, crée une patrouille de 4 F-84 G « Thunderjet » à Reims en 1952 et aura l’honneur d’être baptisée du nom de « Patrouille de France ».
En janvier 1964, la Patrouille de France est dissoute à la suite de restrictions budgétaires mais l’Ecole de l’air de Salon de Provence qui disposait de sa propre patrouille depuis 1937, évoluant parallèlement à la Patrouille de France, permet à l’état-major de pérenniser la Patrouille de France. C’est M. Pierre Mesmer, ministre des Armées, qui officialise cette « seconde naissance » en février 1964. Dès lors, la Patrouille de France stationnera sur la base de Salon de Provence et sera équipée d’une nouvelle flotte de onze CM 170 « Fouga Magister ».
/// L’alphajet
Cinq avions ont jalonné l’histoire de la Patrouille de France parmi lequel l’Alphjat, qui équipe la Patrouille de France depuis 1981. Ce petit biréacteur performant, qui décolle en 700 m et atteint Mach 0,86 à 15 000 m, est parfaitement adapté à la formation des pilotes de combat de nombreuses forces aériennes.
Disposant d’excellentes qualités de vol, le remplacement des Fouga Magister n’a subi aucune modification fondamentale. Seuls la « livrée » bleu-blanc-rouge, le phare de nez, le viseur qui a été retiré et enfin le conteneur fumigène fixé sous le ventre qui remplace le conteneur canon. En France, tous les Alphajet, dont ceux de la Patrouille de France, ont reçu des sièges éjectables Martin Baker Mk 10L zéro-zéro, permettant une éjection au sol avec une vitesse nulle.
/// Côté mécanique
Les services techniques de la Patrouille de France assurent la disponibilité des 12 Alphajet et se composent d’une quarantaine de mécaniciens répartis en deux équipes, « piste/meeting » et « dépannage ». Chaque avion dispose de son mécanicien attitré, ce dernier choisi lui-même son pilote et forme ainsi un binôme extrêmement soudé. Cette relation s’illustre parfaitement dans le fait que les pilotes de la Patrouille de France n’effectuent pas de visite pré-vol sur l’appareil afin de vérifier si tout est normal avant de décoller. C’est le mécanicien de chaque avion qui s’en charge; le pilote à toute confiance en lui et place sa vie entre ses mains. En plus des 8 avions de présentation, la Patrouille dispose de 2 avions de rechange sur le tarmac toujours près à décoller en cas de panne d’un des alphabet au moment de la mise en route. Sur simple geste du mécanicien, il faut alors 10 mn pour rendre opérationnel un nouvel appareil après avoir effectué le plein avec la bonne couleur de fumigène pour qu’il puisse prendre la place de l’avion indisponible.
On retrouve plusieurs spécialités parmi les mécaniciens : « Avionique », « Vecteur » pour la partie mécanique de l’avion ainsi que sur la partie moteur, « Environnement aéronautique » et, malgré l’absence d’arme de combat, des spécialistes « Armement ». Ces derniers entretiennent et mettent en œuvre les « pods » fumigènes, les sièges éjectables et les artifices pyrotechniques qui les composent, ainsi que les paquetages de survie. La réunion de toutes ces spécialités permet à la Patrouille de France d’être une unité totalement autonome, même en meeting. L’équipe de piste suit la PAF dans chacun de ses déplacements. Les mécaniciens embarquent en place arrière avec les pilotes pour les vols de transit, tandis que le reste de l’équipe et le matériel nécessaire empruntent un C 160 Transall pour suivre la patrouille durant toute la saison.
/// Photos et Vidéo
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=LgnLEFy6TBY?showinfo=0&w=640&h=360]
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visuels figures : EPAA/ armée de l’air
autres visuels : AAF_Aviation