Le groupe aérien Air France-KLM a publié aujourd’hui ses résultats financiers pour les 9 premiers mois de l’année 2020 avec une perte de 1,6 milliard au 3e trimestre en raison de l’effondrement du chiffre d’affaires à 2,5 milliards d’euros, soit un recul de 67 % versus la même période en 2019.
Fin septembre, Air France-KLM disposait de 12,4 milliards de liquidités, pour l’essentiel apportées par les plans de soutien obtenus auprès des gouvernements actionnaires français et néerlandais, mais le groupe prévoit d’importants besoins de liquidités au quatrième trimestre 2020.
Malgré une timide reprise de la demande de réservation post confinement observée durant l’été jusqu’à la mi-août, notamment sur le moyen-courrier, la reprise de l’épidémie dans le monde à l’automne et les nouvelles restrictions sanitaires viennent plomber un peu plus les perspectives. IATA est aujourd’hui encore plus pessimiste qu’après la 1ère vague épidémique au sujet de la reprise de l’activité aérienne mondiale à moyen terme. Un retournement de la tendance pour l’activité Passagers qui a conduit les compagnies du groupe à ajuster à la baisse les capacités prévues pour la période automne-hiver.
La stratégie du groupe ces trois dernier mois a consisté à n’exploiter que des vols incrémentalement positifs en cash et plusieurs lignes ont profité de la forte demande mondiale de fret bien qu’ayant peu de passagers à bord.
Au troisième trimestre 2020 affiche Air France-KLM affiche des recettes de 2 524 millions d’euros, en baisse de 5 milliards d’euros (-67%) par rapport à l’année dernière à la même période, pour un EBITDA de -442 millions d’euros et un résultat d’exploitation de -1 046 millions d’euros, en baisse de -1 955 millions d’euros versus 2019. Le résultat net du groupe s’établit à -1 665 millions d’euros, dont une provision pour restructuration de -565 millions d’euros et une dépréciation de la flotte de -31 millions d’euros. Au 30 septembre 2020, le groupe disposait de 12,4 milliards d’euros de liquidités ou de lignes de crédit pour une dette nette de 9 308 millions d’euros, en hausse de 3,161 milliard par rapport à fin 2019.
La low-cost Transavia réalise un résultat d’exploitation négatif de -13 millions d’euros au troisième trimestre pour un niveau d’activité qui atteint près de 55% du niveau de l’année dernière avec une recette unitaire en baisse de -30,2% par rapport au troisième trimestre 2019.
« Après une reprise prometteuse pendant l’été, la fermeture progressive des frontières internationales dans la seconde moitié du mois d’août et la résurgence de la pandémie ont fortement pesé sur nos résultats au troisième trimestre (…) Nous avons accéléré la mise en œuvre de mesures de réduction des coûts et de préservation de notre trésorerie. Nous travaillons également en étroite collaboration avec nos partenaires sur différents moyens tels que des tests de détection rapide qui permettraient de rétablir le trafic dans les meilleures conditions sanitaires pour nos clients et nos employés.
Au-delà de ces mesures immédiates nécessaires, nous sommes engagés dans une transformation plus profonde de notre Groupe avec l’objectif de sortir de cette crise dans une position plus forte » explique dans un communiqué Benjamin Smith, directeur général d’Air France KLM.
/// Faible visibilité et perspectives sombres au 4e trimestre
La visibilité sur la reprise de la demande est donc extrêmement limitée et peu de passagers « loisir », dont beaucoup n’avaient pas obtenu de remboursement immédiat des voyages annulés durant le premier confinement, se risquent aujourd’hui à effectuer des réservations à long-terme.
Malgré des efforts certains de la part des compagnies du groupe concernant la sécurité sanitaire des vols, l’assouplissement des politiques commerciales et la garantie de remboursements rapides en cas d’annulation, le comportement de réservation des clients est beaucoup plus orienté vers le court terme et dépend fortement des restrictions de voyage dans le monde, en particulier sur le réseau long-courrier. La nouvelle période de confinement en vigueur depuis ce vendredi en France est une difficulté supplémentaire qui va encore peser sur les activités du groupe qui anticipe une évolution négative des coefficients d’occupation pour ce dernier trimestre. « Nous nous attendons à un quatrième trimestre 2020 difficile, avec des réservations à venir en forte baisse par rapport à l’année dernière. » prévient Benjamin Smith.
En dépit d’une réduction de -1,5 milliard d’euros des dépenses d’investissement par rapport à l’objectif initial de 3,6 milliards d’euros pour 2020, le groupe prévoit d’importants besoins de cash au quatrième trimestre 2020 avec un besoin en fond de roulement négatif dû aux paiements différés de 0,6 milliard d’euros d’investissement sur la flotte et au remboursement de l’obligation hybride en octobre pour 0,4 milliard d’euros.
/// Accélération de la transformation pour retrouver une position forte
Dans ce contexte économique et financier qui continue de se dégrader, les deux compagnies du groupe, Air France et KLM, ont convenu avec les représentants des salariés d’importants plans de restructuration qui doivent encore être validés par les États français et néerlandais.
Le groupe explique que le modèle de KLM est toujours valable mais il doit être remodelé en fonction de la nouvelle réalité, ce qui se traduira par une restructuration de la compagnie qui sera plus
« petite, moins chère, plus économe, plus agile et plus durable » avec des coûts d’exploitation structurellement réduits en 2021 et au-delà pour viser des bénéfices à hauteur de 750 millions d’euros en 2021 provenant de la diminution des coûts salariaux, de la flotte, des achats et du carburant.
De son côté, Air France élargira son plan de transformation pour construire un modèle de réussite d’après-crise autour de plusieurs piliers dont le principal devrait être la restructuration de l’offre sur le marché intérieur français, le plus grand d’Europe, mais aussi l’optimisation des dépenses externes, la transformation des fonctions support et la poursuite de la modernisation de sa flotte. Le groupe compte ainsi sur son vaisseau amiral Air France, pour retrouver le succès commercial d’antan et lui apporter 800 millions d’euros de bénéfices structurels d’ici 2021 et 1,2 milliard d’euros au total d’ici 2022.
https://actu-aero.fr/2020/10/27/noel-air-france-ajoute-des-vols-a-biarritz-bordeaux-brest-caen-lille-marseille-nice-et
visuels : G.Février et V.Massé
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