La compagnie régionale du groupe Air France – KLM, née du rapprochement commercial des compagnies Brit Air, Régional et Airlinair en 2013, tire les leçons d’un été 2018 perturbé et qui n’avait pas permis à la compagnie d’assumer un programme de vol à la hauteur des années précédentes.
Confronté à des phénomènes externes, grèves du contrôle aérien et travaux à Orly ayant entrainé de nombreux retards, HOP! a aussi dû faire face aux besoins soudain de la compagnie mère pour de nouveaux pilotes qui ont aussi mis sa filiale régionale en difficulté en créant un véritable appel d’air dans les cockpits. Cette situation avait alors contraint HOP! à recourir à l’affrètement d’appareils avec équipage auprès de compagnies étrangères spécialisées pour assurer une partie de ses vols. Une situation que la compagnie regrette mais qui semble appartenir au passé.
Martine Selezneff, Présidente de HOP! a accepté de répondre aux questions de AAF.
La Rédaction | Pourquoi l’été a été particulièrement difficile pour la compagnie?
Pendant l’été c’était très compliqué. Nous avions des restrictions du contrôle aérien sur la FIR Marseille, des avions au large en raison d’importants travaux à Orly et nous avions aussi nos propres raisons sur les aspects liés à la régularité avec des tensions concernant les pilotes. Tout cela nous a bien déstabilisé. Depuis deux ans nous avons des pilotes qui partent en grand nombre chez Air France dans le cadre de protocoles d’évolution des carrières parce que Air France s’était retrouvé dans une situation à augmenter brutalement ses besoins. Donc là où on avait des systèmes à peu près gérés, on s’est retrouvé confronté sur deux ans au départ de près de 200 pilotes et nous en avons encore environ 80 qui partiront sans doute dans l’année. Comme il n’y avait pas eu d’anticipation nous n’avions pas encore de règle pour gérer la mobilité de nos pilotes et l’hétérogénéité de notre flotte, ce qui a compliqué les choses. Si nous n‘étions pas en capacité de mettre un avion avec nos pilotes, nous affrétions un appareil de telle sorte à ce que les clients puissent être acheminés comme il le fallait »
Quelles mesures ont été prises pour ne pas revivre cette situation ?
« Depuis le début de l’année nous avons obtenu un accord avec les pilotes qui nous permet de planifier les départs. On a un certain nombre de départs par mois, il y a un ordre, on sait qui part et l’on peut organiser tout ça. Nous avons bien sûr mené des recrutements sur la période. Nous avons déjà recruté plus de 200 pilotes et aussi mis en œuvre des formations liées à des mobilités internes pour des pilotes qui ont changé de secteur, soit plus de 400 stages de formation. Cet élément qui était quand même un peu déstabilisant, a pour le coup été une opportunité qui nous permettait de reconstituer nos ressources. Je ne dis pas que tout cela est derrière nous car il faut toujours être prudent et un peu humble sur des questions opérationnelles mais c’est aujourd’hui maitrisé et nos résultats depuis cet été sont à l’objectif. On a traversé une mauvaise passe mais on commence à récolter les fruits de tout ce que nous avons mené en terme de rationalisation. »
Quelles conséquences sur la flotte ?
A partir du moment où l’on a eu à se poser la question de qualifier des pilotes, cela a été l’occasion d’utiliser cette période pour transformer notre flotte et la simplifier. Aujourd’hui elle est constituée des flottes des anciennes compagnies régionales, en particulier des ATR avec deux sous-types et donc deux qualifications différentes pour les pilotes. On a donc pris la décision de sortir de la flotte les ATR -500 et -600 sur le début de l’année prochaine et le début de l’année 2020 pour augmenter en parallèle le nombre d’Embraer 190 de 100 places sur la même période. (La compagnie recevra sept Embraer 190 pris en leasing auprès de Nordic Capital Aviation, dont le premier doit arriver ce mois-ci. NDLR.) Cela signifie que l’on aura deux qualifications cockpits en moins dans notre notre flotte. »
Comment HOP! opère-t-elle pour recruter des pilotes ?
« Chez HOP!, nous n’avons pas de filière à proprement parler, donc au fil des années on a recruté d’abord sur des ATR et des CRJ pour avoir des personnes déjà qualifiées. Il y a beaucoup de prospection volontaire et nous avons des viviers pour du recrutement externe. Maintenant nous recrutons pour toutes nos machines en cherchant des pilotes déjà qualifiés mais il n’y en pas tant que ça donc pour aller plus vite on essaye de privilégier les pilotes déjà expérimentés, même s’ils n’ont pas de qualification. On embauche les pilotes et on les forme en assurant nous même cette formation. »
Quels objectifs pour 2019 ?
« HOP! continue de contribuer pour le compte du groupe à la desserte du marché en France mais aussi l’alimentation des hubs d’Orly et de CDG. Pour l’année 2019, nous avons une approche sur la performance opérationnelle que nous devons à nos clients, c’est à dire la régularité et la ponctualité. Cela passe par la mise en œuvre de nos plans d’action sur la flotte et nos pilotes en parallèle du fait que nous reprenons en moyen propre notre programme et on arrête les affrètements. On s’appuie maintenant sur des bases unifiées et solides, donc les indicateurs vont dans le bon sens. »
/// Le plein de services et le wifi à bord dès 2019
En plus d’une amélioration de sa performance opérationnelle, HOP! mise aussi sur le développement de services additionnels pour proposer une expérience de voyage complète et fidéliser ses passagers, comme elle l’a fait avec l’offre de restauration à bord « ET HOP! À TABLE » dont le succès grandissant lui permet de s’étendre progressivement sur le réseau court-courrier de la compagnie. Dès janvier, l’offre « ET HOP! À TABLE » sera ainsi enrichie de nouvelles recettes. Les voyageurs auront désormais le choix entre 6 menus au lieu de 4 et un menu enfant sera également proposé. À partir du 15 janvier 2019, une nouvelle offre tarifaire sera proposée sur l’ensemble des vols court-courriers avec 4 gammes de tarifs : Light (non modifiable et non remboursable, bagage non inclus), Standard (non remboursable, modifiable avec 70€ et un bagage en soute inclus), Flex (modifiable et remboursable, bagage en soute inclus) et Abonné avec plus d’avantages que le tarif Flex.
Début janvier, la compagnie lancera l’expérimentation d’un service de connexion internet Wifi en vol. Dans un premier temps il sera uniquement déployé à bord d’un appareil Airbus appartenant à la flotte Air France et positionné sur des lignes « La Navette » de HOP!, sans plus de précisions pour l’instant. Avec le Wifi, HOP! sera en mesure de proposer toute une gamme de divertissements, accessibles aux passagers depuis leurs ordinateurs, smartphones et tablettes, à commencer par l’offre de shopping à bord de la start-up française SKYdeals mais aussi un choix de divertissements audiovisuels : documentaires, films, séries et dessins animés. La présence de Wifi à bord sera signalée au passager au moment de sa réservation sur le site de la compagnie, de manière à lui permettre d’ajouter s’il le souhaite un forfait pour se connecter au Wifi durant son vol. Là encore, aucune formule ou tarif n’a encore été précisé par la compagnie. Même si peu de vols seront initialement concernés par le service de Wifi, ce dernier pourrait malgré tout s’avérer être à l’avenir un élément de choix déterminant pour la satisfaction et la fidélisation d’une clientèle d’affaires. La compagnie régionale française et européenne prendrait alors une longueur d’avance sur la concurrence.
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visuels : G.Février, JB.Rouer et Skydeal
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