Vendredi 12 mai dernier sur la Base Aérienne 702 d’Avord, s’est déroulée la cérémonie de Macaronnage Transport 2023 de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) sous la présidence du général de division aérienne, Philippe Hirtzig, adjoint au directeur des ressources humaines de l’AAE et du commandant de base, le colonel Richard Gros.
A cette occasion, 30 élèves-pilotes de l’école d’aviation de transport 00.319 « Capitaine Jean Dartigues » d’Avord (EAT319) se sont vus remettre le prestigieux « macaron », insigne de brevet de pilotes de transport qui officialise le passage d’élève à pilote et l’entrée dans la famille du personnel navigant.
Ce passage de flambeau concrétise la réussite d’un cursus de formation de plus de trois ans, dont plus d’un an passé au sein de l’EAT319 qui forme aussi bien les pilotes de transport de l’AAE, de la Marine Nationale, que des forces étrangères.
Parmi les 30 heureux macaronnés du jour, 24 pilotes de l’AAE, deux pilotes de la Marine Nationale, deux élèves Italiens et deux Belges ont reçu le précieux insigne. Parmi eux, dix-huit élèves de l’AAE se sont également vus remettre leur poignard et un sabre pour deux élèves de la Marine Nationale, ce qui marque l’entrée symbolique dans le corps des officiers.
« C’est un réel prestige d’avoir conclu notre formation à Avord, lorsqu’on connaît son historique. La BA702 a créé la première École d’Aviation en 1912 et nous sommes les héritiers de cette longue tradition ! » témoigne un jeune breveté en fin de cérémonie, alors que la patrouille Kamomil, composée de quatre Xingu pilotés par des instructeurs de l’EAT s’élance dans le ciel d’Avord pour une démonstration.
La spécialisation transport
Chaque année, environ 70 élèves-pilotes se forment sur le Base Aérienne d’Avord suite à une pré-spécialisation transport, après avoir validé au préalable trois d’années d’instruction de tronc commun avec les pilotes de Chasse, sur les bases de Salon de Provence et de Cognac.
Les formations « Pilote de Transport » dispensées à l’école d’aviation de transport d’Avord durent de 12 à 14 mois et inclus plus de 100 missions réalisées sur simulateur et en vol sur la flotte d’Embraer 121 Xingu, qui fête cette année ses 40 ans de services.
La formation est en grande partie commune entre l’Armée de l’Air et de l’Espace (environ 80%), la Marine (environ 10%) et les forces aériennes étrangères (environ 10%) grâce au label European Defence Airlift School. Les élèves valident ainsi les mêmes modules à quelques différences près (les marins passent le module Specific Navy Training Flight alors que les pilotes de l’AAE les Tactical Handling et Basic Tactical Navigation).
Le pilotage de transport se pratiquant en équipe, les missions en vol sont conduites en binôme de deux élèves-pilotes accompagnés d’un instructeur, généralement en place droite.
Une fois prêts, les élèves passent devant un conseil d’orientation afin de connaître l’affectation en fonction des desideratas et des évaluations tout au long du cursus. Une fois affectés à un escadron, les jeunes pilotes de transport pourront piloter différents appareils comme l’E3F afin de ne pas changer de base, A400M, A330 MRTT, Falcon, Atlantic 2,…
Une histoire plus que centenaire
Le « Centre d’Aviation d’Avord » fut la première école militaire d’aviation lorsqu’elle voit le jour peu de temps après la création de l’aviation militaire en juillet 1912. Elle utilisait alors des monoplans Blériot XI et des biplans Savary. Le centre voit rapidement son développement s’accélérer avec l’entrée en guerre de la France et la plupart des illustres pilotes de la Grande Guerre (Guynemer, Fonck, pour ne citer qu’eux) passés par Avord.
L’école sera dissoute en 1919 puis reconstituée en 1923 sous le nom d’École Pratique d’Aviation. La formation comprend alors le pilotage et l’observation sur des appareils de type Caudron 59, Nieuport 29, Breguet XIV, 16, Farman 50 puis 60 et LeO 20.
En 1939, en réaction à l’avancée allemande, le groupement des écoles de chasse est évacué vers La Rochelle alors que l’école d’observation se replie sur Châteauroux.
La Luftwaffe réquisitionne alors la base d’Avord pour y assurer notamment la formation de ses pilotes, avant que les bombardements alliés et les opérations de sabotages allemands lors de leur retraite au printemps 1940 ne la rasent quasiment totalement.
Dès novembre 1945, à partir du Centre d’Entraînement Bimoteur (CEB) de Toulouse Francazal l’école est re-créée, revient sur la Base école de transformation de pilotage bimoteur 702 d’Avord, et deviendra en 1947 l’École de Transformation et de Perfectionnement Bimoteur (ETPBM) équipée de bimoteurs SNCAC NC 701 Martinet, NC 700 Siebel et de Cessna UC 78 Bobcat. Ces derniers sont remplacés en 1951 par le premier avion Dassault MD311 et 312 Flamant, destinés à la formation de pilotes et au « vol sans visibilité », puis par les Douglas C47 Dakota à partir de 1957.
En 1954, un groupement d’instruction est formé en associant une division d’instruction des pilotes (DIP), une division d’instruction des navigateurs (DIN) et une division d’instruction des radio-navigants (DIR).
La version actuelle de l’école de pilotage de transport d’Avord voit le jour en 1965 avec la naissance du Groupement école 319 suite à la fusion et au déménagement sur Toulouse de la DIR et de la DIN. À partir du 22 avril 1983, les Embraer 121 Xingu remplacent progressivement les MD 312 Flamant et les premiers élèves-pilotes formés sur le bimoteur brésielien reçoivent leurs ailes en 1984.
Le groupement devient l’Ecole de l’Aviation de Transport 00.319. EAT319 le 1er août 1994 avant de prendre le nom d’EAT319 « Capitaine Dartigues » en février 2001 en hommage au pilote abattu en mars 1954 par la DCA Viet Minh, au dessus de Dien Bien Phu, alors qu’il effectuait une mission de parachutage à bord d’un C47 du GT II/63 Sénégal.
Les 70 élèves-pilotes qui fréquentent chaque année l’EAT319 d’Avord sont les héritiers de cette longue tradition de pilotage d’excellence française.
visuels : ACTU AERO
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