Après un incident avec les fixations du plancher de la soute de l’avion ravitailleur,l’armée de l’air américaine a décidé d’interdire au KC-46, pendant une durée indéterminée, de transporter des marchandises en indiquant travailler activement avec le constructeur pour trouver une solution à ce nouveau problème.
Le commandement de l’air des États-Unis, l’Air Mobility Command (AMC), a publié un bulletin d’informations après un incident au cours duquel des fixations du plancher de la soute ont été déverrouillées pendant le vol, rapporte le journal Defense News. Un problème important qui peut entraîner des accidents corporels très graves sur les passagers à bord mais qui peut surtout causer la perte de l’avion en raison du déplacement soudain du centre de gravité (le centrage) qui rend les gouvernes inopérantes. Si le problème n’a pour l’instant été constaté que sur un seul appareil, comme le précise Defense News, c’est un nouveau déboire pour le programme KC-46 Pegasus de Boeing, déjà en proie à d’autres problèmes techniques qui coûtent déjà à Boeing plus de 3 milliards de dollars en dépassement de coûts.
/// Des problèmes qui s’accumulent au fil des mois
Rappelons que l’US Air Force a pour l’instant reçu 12 exemplaires du ravitailleur multirôle conçu à partir du Boeing 767 sur le premier lot de 52 appareils déjà commandés, sur un total de 179 exemplaires potentiels espérés par Boeing. Annoncé comme l’un des contrats les plus importants de la défense américaine, l’appel d’offre pour la fourniture de près de 180 avions ravitailleurs de nouvelle génération à US Air Force avait initialement été remporté par Airbus avec son A330MRTT, avant que Washington ne décide en 2008 de changer son fusil d’épaule en annulant le contrat pour favoriser le constructeur national. Depuis le programme KC-46 enchaîne les déconvenues, comme souvent dans les nouveaux programmes d’avions militaires, cumulant au fil des mois les retards et les problèmes, venant pénaliser un peu plus les finances et l’image de Boeing. L’acceptation en livraison du premier exemplaire en janvier dernier s’était en effet soldée par la conclusion d’un accord pour lui laisser jusqu’à quatre ans à Boeing pour résoudre certaines failles des systèmes de ravitaillement en vol en échange d’une ristourne de 28 millions de dollars sur chaque appareil livré d’ici à cette échéance.
Après la découverte par l’US Air Force d’outils « égarés » dans le fuselage et la présence de corps étrangers (comme des résidus de perçage, chutes de câbles…) y compris dans des compartiments de l’aile du KC-46 les livraisons avaient été suspendues à deux reprises depuis le début de l’année. Un problème déjà rencontré avec des 787 assemblés dans l’usine de Charlotte, un site banni depuis par la compagnie Qatar qui refuse tout avion en provenance de cette FAL, mais qui cette fois concerne des appareils assemblés à l’usine d’Everett, plus gros et principal site de production du constructeur américain.
/// Lockheed Martin et Airbus en embuscade
Cette situation ouvre une brèche, dans laquelle Lockheed Martin et Airbus pourraient bien s’engouffrer afin de tirer avantage de la situation pour la fourniture des prochains lots d’avions du méga-contrat. À l’affût depuis plusieurs mois, les deux avionneurs ont décidé de s’associer en signant dès le mois de décembre 2018 un accord de coopération pour pouvoir proposer l’A330 MRTT à l’US Air Force. Avec une approche coopérative autour du programme A330 MRTT, les deux sociétés déclaraient au moment de l’annonce qu’elles « examinaient un large éventail de possibilités pour répondre aux besoins critiques de ravitaillement en vol à court terme de la défense américaine ».
Rappelons que l’A330 MRTT est déjà entré en service avec succès au sein de plusieurs forces armées en Europe et dans le monde. Dérivé de l’A330, il peut ravitailler théoriquement jusqu’à trois appareils équipés de perche et peut aussi alimenter les avions à réceptacle, comme le F-15, le F-16 ou le F-35 qui équipent largement l’armée américaines et ses alliés.
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visuels : R.Khanna-Prade Boeing et Airbus