Alors que plusieurs clients commencent à annuler des commandes ou demandent aux avionneurs le report des livraisons de nouveaux avions en raison de la crise du Covid-19 et de la reprise du trafic aérien mondial qui s’annonce longue et progressive, le groupe Airbus envisagerait selon l’agence de presse Reuters, une importante baisse des cadences de production de sa famille de monocouloirs A320 mais aussi des A350.
Selon l’une des quatre sources de l’agence Reuters, les fournisseurs d’Airbus ont déjà été invités à baisser de 40% la livraison de pièces, ce qui à court terme se traduirait selon la même source par une réduction de la cadence de production des A320 à 36 appareils assemblés par mois contre 60 avant la crise. Une annonce officielle de la part d’Airbus est attendue avant l’assemblée générale annuelle des actionnaires du groupe, qui se déroulera à Amsterdam, aux Pays-Bas.
/// Les monocouloirs plus impactés que les gros porteurs ?
Pour l’instant les annulations de commandes et le reports de livraisons concernent principalement les appareils monocouloirs en raison de l’importance des commandes enregistrées au cours des dernières années pour assurer l’expansion des transporteurs, notamment des low cost, et pour des besoins de renouvellement des flottes avec des appareils de nouvelle génération moins gourmands en carburant. Mais la crise du coronavirus, qui se déroule sur fond d’effondrement du cours du pétrole, va changer la donne et repousser de nombreuses dépenses d’investissements à une date ultérieure.
On observe ainsi que la crise du Covid-19 et ses conséquences économiques sont sur le point d’accélérer le retrait et la sortie de flotte des quadriréacteurs (A340, B747 et A380), qui seront encore plus difficiles à remplir et à rentabiliser si la reprise du trafic s’effectue de manière lente et progressive. Plusieurs transporteurs profitent du confinement au sol de leur flotte pour se séparer des avions gros porteurs les moins rentables et ont ainsi officialisé récemment le départ anticipé de certains types d’avions.
C’est par exemple le cas de Virgin avec ses Airbus A340-600, de KLM et Qantas pour les Boeing 747-400. Mardi 7 avril, Lufthansa annonce officiellement le retrait définitif de 6 Airbus A380 (sur 14), 7 A340-600 (sur 17), 3 A340-300 (sur 17) et de 5 Boeing 747-400 (sur 13).
Chez Air France, rien d’officiel pour l’instant mais les A340 ont, à priori, tiré leur révérence et ne voleront plus alors qu’il semblerait par ailleurs que la compagnie à la crevette ailée prépare discrètement la sortie anticipée de ses 9 A380 restant en flotte initialement prévue d’ici 2022. Il faudra donc observer de manière attentive les vols de convoyage vers des lieux de stockage prolongé qui pourraient intervenir au cours des prochaines semaines.
Si l’allégement de la facture carburant n’est pas exempte d’intérêt pour les transporteurs et n’est pas étrangère à cette situation, il s’agirait également d’alléger voir d’annuler les dépenses liées à la maintenance d’avions vieillissants plus sujets aux aléas mécaniques, en exploitant un maximum d’appareils long-courriers neufs en flotte, qui plus est de nouvelle génération. En d’autres termes, elles préfèreront pour les opérations long-courrier dépenser de l’argent pour des avions moins chers à exploiter plus faciles à rentabiliser, plutôt que de le faire pour maintenir en conditions opérationnelles des actifs vieillissants et peu lucratifs. Les cadences de livraisons des gros porteurs nouvelle génération, pourraient ainsi sur le moyen terme se retrouver moins impactés.
Pour autant nos confrères de l’agence Reuters ont également dévoilé l’information selon laquelle les fournisseurs du programme A350 ont été priés de réduire l’approvisionnement de près de la moitié, qui correspondrait à 5 avions produits par mois contre une moyenne de 9,5 aujourd’hui. De son côté Boeing envisagerait également de revoir à la baisse la production des 777.
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visuels : Airbus, JB.Rouer et Kiefer sous (CC BY-SA 2.0)