[Article du 10/12/2021 - actualisé le 6 janvier 2022 à 16h00]
L’avionneur européen a réagi jeudi 10 décembre 2021 aux allégations publiques répétées de son client Qatar Airways au sujet d’un défaut sur le revêtement qui concernerait 20 A350, sur un total de 53 exemplaires présents dans sa flotte (34 A350-900 et 19 A350-1000).
Des informations de l’agence Reuters ont récemment révélé qu’au moins cinq autres compagnies aériennes dont le transporteur finlandais Finnair et l’américaine Delta Air Lines s’étaient elles aussi plaintes auprès d’Airbus de défauts de peinture ou de revêtement sur leurs A350 depuis fin 2016. Seule l’autorité de sécurité aérienne du Qatar a édité une directive pour clouer au sol les aéronefs concernés.
Ni l’agence de sécurité aérienne européenne (EASA), ni son homologue américaine la FAA n’a considéré que ce potentiel défaut de revêtement affectant les A350 n’avaient d’impact sur la navigabilité de l’appareil et la sécurité des vols.
Aucun des transporteurs concernés n’ont du reste souhaité jusqu’ici exposer publiquement ce défaut de surface du fuselage pour ne pas se faire de mauvaise publicité.
Défendre sa réputation
Airbus a donc décidé jeudi d’engager une contre-offensive pour défendre sa réputation et accuse le transporteur du Golfe de présenter à tort ces défauts comme un problème de sécurité pour l’avion. Le groupe demande un avis juridique indépendant pour tenter de résoudre ce différend, que les deux parties n’ont pu régler lors de discussions directes.
« Bien que nous regrettons de devoir suivre une telle voie, il est devenu nécessaire de défendre notre position et notre réputation.» explique Airbus dans une déclaration envoyée à la presse jeudi en fin de journée.
Dans ce document, l’industriel explique qu’il s’efforce en parallèle de «rétablir un dialogue constructif» avec son client sur cette question mais qu’il «n’est pas disposé à accepter la poursuite de déclarations inexactes de ce type».
«Face à la caractérisation erronée de la dégradation des surfaces non structurelles de sa flotte d’A350 (…) il est devenu nécessaire de demander une évaluation juridique indépendante» écrit l’avionneur. «La sécurité est la priorité absolue d’Airbus. Les constatations relatives à la peinture de surface ont été soigneusement évaluées (par Airbus) et confirmées par l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) comme n’ayant aucun impact sur la navigabilité de la flotte d’A350. La tentative de ce client de présenter faussement ce sujet spécifique comme un problème de navigabilité représente une menace pour les protocoles internationaux sur les questions de sécurité.» écrit encore l’industriel.
L’avionneur appelle de ses vœux des tests supplémentaires sur le vieillissement de la surface du fuselage des A350 et indique avoir travaillé activement avec ses clients afin de minimiser l’impact et les désagréments causés par cette dégradation de surface sur les appareils en service mais que ces solutions ont toutes été rejetées «sans justification légitime» par Qatar Airways.
Le groupe rappelle enfin que l’A350 dispose d’une fiabilité opérationnelle de 99,5% et précise que les mesures correctives proposées récemment par l’AESA concernant des zones de feuille de cuivre expansé (ECF) manquantes sur les ailes de 13 A350 lié à un processus de production qui a depuis été adapté, sont de nature différente. Ces avions concernés seront inspectés conformément à la directive édité de l’AESA.
546 millions d’euros d’indemnités
Dernier rebondissent, on apprend le 6 janvier 2022 que Qatar Airways réclame une indemnité de 546 millions d’euros à Airbus pour l’usure accélérée de la surface du fuselage de ses A350, selon un document consulté par l’agence Reuters.
Une dégradation qui n’affecte pas la navigabilité des appareils selon l’avionneur européen qui entend toujours «démentir totalement» les reproches de son client.
/// 58 livraisons et 318 commandes pour Airbus en novembre
visuels : French Painter, E.Salard et Airbus
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