Ce week-end, les 20 et 21 mai, se déroule sur la Base aérienne 701 de Salon-de-Provence, dans le sud de la France, le Meeting national de l’Air à l’occasion des 70 ans de la Patrouille de France (PAF).
Un événement aéronautique de grande ampleur organisé au profit de la Fondation des œuvres sociales de l’Air (FOSA) qui devrait réunir, malgré une météo incertaine, quelque 40 000 spectateurs par jour venus admirer le show aérien et approcher les pilotes ambassadeurs.
Pour les 70 ans de la PAF, plusieurs démonstrateurs solo et patrouilles de forces étrangères ont fait le déplacement pour voler aux côtés des Alphajet tricolores comme les Wings of Storm (Pilatus PC-9M) en provenance de Croatie, la patrouille Suisse (F-5 Tiger II) de l’armée de l’Air Suisse, la patrulla Águila (CASA C-101) et la patrulla Aspa (120B Colibri) arrivées d’Espagne, le F-16 Display Team « VIPER » de la Belgian Air force et les Saudi Hawks (BAe Hawk Mk.65 et 65A) d’Arabie saoudite.
Notons aussi la présence, durant les deux jours, de l’Équipe de voltige de l’armée de l’Air et de l’Espace (EVAAE), de l’A4000M Tactical Display, du Rafale Solo Display (RSD) piloté par “Bubu” (qui nous présentera dans un prochain article les dessous de la préparation d’une saison), d’un A330 MRTT Phénix et d’un CM-170 Fouga Magister, premier avion d’entraînement à réaction au monde retenu en 1954 par l’OTAN comme l’avion le plus adapté à l’apprentissage mais aussi l’avion de voltige de plusieurs patrouilles acrobatiques, dont notre chère Patrouille de France de 1964 à 1980.
Un tel plateau aérien n’a pas eu de mal à écouler les 80 000 entrées vendus par les organisateurs ; un chiffre imposé en concertation par l’armée de l’Air et de l’Espace (AEE), la FOSA et la Préfecture afin de limiter les embouteillages et conserver un accès aux secours. L’événement rassemble aussi 3000 personnels militaires (1000 en renfort), 600 pilotes et mécaniciens, 1500 exposants et 650 Spotters, un record pour cette dernière catégorie.
« Il y aura dix fois plus de sécurité ce week-end que pour les matchs au vélodrome qui comptent pourtant plus de places », nous confie le Colonet Venot, commandant en second de la base aérienne 701.
Il faut préciser qu’un meeting de cette envergure demande une grande anticipation et nécessite une année de préparation en collaboration avec le Ministère des Armées et le ministère des affaires étrangères, qui décident en fonction des enjeux politiques quelles forces aériennes étrangères seront conviées.
La réussite du meeting aérien est aussi un enjeu financier car il coûte entre 600 000 et 900 000 euros. La logistique est payée et assurée par l’AEE, tandis que le coût de la démonstration et le « pétrole » (le kérosène) sont à la charge des pays invités.
De la Patrouille d’Étampes à la PAF
C’est en 1931 que la « Patrouille d’Étampes » voit le jour à l ’école de pilotage d’Étampes-Mondésir et qu’elle rencontre immédiatement un grand succès auprès du public. La formation acrobatique était alors composée de trois instructeurs volant sur Morane-Saulnier MS 230. Devant l’engouement national, l’armée l’a choisie pour représenter la France lors de meetings internationaux.
La Patrouille d’Étampes rejoint alors Salon de Provence sous le nom de « Patrouille de l’école de l’Air » et vole sur cinq Morane-Saulnier MS 225.
La seconde guerre mondiale met un coup d’arrêt aux meetings aériens mais la Patrouille, considérée comme la meilleure, reprend du service après la guerre et se reforme dans un premier temps à Tours avant de retourner à son terrain originel d’Étampes, où elle reprend son nom de baptême « Patrouille d’Étampes ». Elle se voit équipée de 12 Stampe et Vertongen SV-4, et portera dès lors le nom d’Escadrille de Présentation de l’Armée de l’Air (EPAA) mais avec un fonctionnement bien différent de celui d’aujourd’hui.
A l’époque, l’EPAA compte en effet trois patrouilles de trois pilotes chacune. Chaque unité peut assurer jusqu’à trois meetings par semaine, avant qu’une escadrille de quatre Republic F-84 G de la 3e Escadre de chasse ne se rende le 17 mai 1953 sur le terrain de Maison-Blanche, en Algérie, pour assurer une démonstration dans un meeting aérien. C’est là que le commentateur du show de l’escadrille Jacques Nœtinger, époustouflé par le spectacle qu’il vient de voir, la baptise dans un élan d’enthousiasme « Patrouille de France ». Une appellation approuvée et validée dans la foulée le 14 septembre 1953 par l’état-major de l’armée de l’Air. La Patrouille de France est née !
Les années défilent, les avions aussi, mais l’esprit « Patrouille de France » reste, grâce au savoir-faire transmis par ses aînés, de génération en génération.
Alphajet et après ?
Le prestige de la célèbre patrouille est aussi celui des aéronefs historiques qui lui ont donné des ailes, F84 Thunderjet, Ouragan, Mystère IV, Fouga Magister, et aujourd’hui l’Alphajet qui garde encore une dizaine d’année de potentiel en vol avant de tirer sa révérence après plus de 40 ans de valeureux service.
L’arrivée à Cognac des avions d’entrainement PC-21 au sein de l’AEE, en remplacement des Alphajet, a permis une réduction du nombre de ces derniers déployés pour la formation au pilotage de chasse à Cazaux de manière à récupérer des avions et donc du potentiel au profit de la PAF. Le monomoteur à turbopropulseur de conception suisse a ainsi permis de repousser la nécessité d’un remplacement à l’horizon 2035.
« La volonté politique de faire perdurer la PAF est bien là », explique le Colonet Venot, mais à défaut d’un petit appareil français à réaction, il faudra avant tout déterminer si la patrouille continue de voler sur des avions à réaction ou si elle met le cap sur une propulsion à hélices au risque de perdre un peu de sa superbe.
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visuels : ACTU AERO
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