Jean-Yves Le Gall, président du CNES, et André-Hubert Roussel, président exécutif d’ArianeGroup, ont répondu, ce mercredi 22 mai, aux questions des membres de la commission des affaires économiques et de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, sur l’avenir de la politique des lanceurs spatiaux.
Rappelons que le projet Ariane 6 mobilise les partenaires industriels européens des 13 pays qui participent au programme du nouveau lanceur lourd européen dont le premier lancement est prévu en 2020 en version Ariane 62. Déclinée en deux versions 62 et 64, Ariane 6 sera équipé du moteur Vinci ré-allumable et pourra accomplir des missions variées à la fois pour satisfaire les attentes des clients institutionnels et du marché commercial. Les premières Ariane 6 de série, dont la production a débuté début mai sortiront d’usine début 2021.
Pour son premier lancement et le vol inaugural depuis le Centre spatial guyanais, qui doit intervenir à l’été 2020, Ariane 6 embarquera quatre nouveaux satellites de la constellation Galileo pour le compte de l’ESA, l’Agence Spatiale Européenne.
Devant l’inquiétude des sénateurs face à la concurrence de l’entreprise américaine SpaceX, le président exécutif d’ArianeGroup a estimé que, d’ici un à deux ans, des technologies clés actuellement en cours de développement, notamment avec le moteur Prometheus, seront matures. Cela permettra alors de choisir, selon les besoins des États européens et les perspectives du marché, entre faire évoluer Ariane 6 ou créer un nouveau lanceur encore plus compétitif et potentiellement réutilisable. Il a souligné que le lanceur Ariane 6 en cours de développement permettra de diviser par deux des prix en cinq ans, ratio sans précédent dans l’industrie.
« L’accès souverain à l’espace est vital pour la France, qu’il s’agisse du renseignement militaire, de la dissuasion nucléaire ou des applications civiles. Préserver l’Europe spatiale et ses parts de marché pour les lancements commerciaux, c’est la condition de l’équilibre des programmes et donc de notre autonomie stratégique. » a affirmé Christian Cambon président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
Jean-Yves Le Gall a rappelé la capacité unique au monde de l’Europe spatiale à mettre en place des coopérations entre États. Il a notamment cité comme exemple le succès de Galiléo, dont les capacités sont dix fois plus puissantes que celles du GPS et dont le déploiement sera terminé en 2020. Il estime que Galiléo devrait bientôt atteindre le milliard d’utilisateurs et supplanter le GPS. Ainsi, dans deux ou trois ans, le monde entier utilisera Galiléo et la prophétie de Jacques Barrot, selon laquelle on n’entendra plus dire que Galiléo est le GPS européen, mais plutôt que le GPS est le Galiléo
A l’issus de cet audition, les deux commissions ont créé un groupe de travail, co-présidé par Sophie Primas et Jean-Marie Bockel (UC – Haut-Rhin – membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées) afin de faire le point sur la situation et sur les enjeux de la réunion au niveau ministériel du conseil d’administration de l’Agence spatiale européenne qui se tiendra en novembre prochain.
⇒ Vous pouvez revoir l’audition dans son intégralité en vidéo en suivant >>> ce lien <<<
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