C’est sur la base aérienne 709 “Commandant Ménard” de Cognac en Charente (16) que s’est tenu le 24 septembre 2019 le retrait de service du Socata TB-30 “ Epsilon”. Après 35 ans de bons et loyaux services au sein des forces aériennes françaises pour la formation au pilotage, l’appareil développé en collaboration avec l’Armée de l’air française, a tiré sa révérence au profit d’un nouveau modèle d’avion plus moderne et plus polyvalent, le PC-21 du constructeur suisse Pilatus.

 

Certifié en décembre 1979, le TB-30 est équipé d’un monomoteur à piston à hélice de 300ch fabriqué par Lycoming et d’une structure aluminium. Bi-place en tandem, la place de devant étant occupée par un élève pilote alors que l’instructeur s’installe dans le siège arrière, l’avion dispose de 2 réservoirs lui permettant une autonomie de 3 heures de vol en croisière à 180kt et peut atteindre les 281kt de vitesse maximale.

La France a été le principal client du Socata TB-30 avec 150 exemplaires reçus mais d’autres nations de part le monde l’utilise aussi au sein de leurs forces aériennes : le Sénégal qui dispose de 8 exemplaires reçus d’occasion de la France, le Togo qui dispose de 2 appareils et le Portugal qui commanda 18 exemplaires en 1984 pour la formation des élèves pilotes de chasse. Deux exemplaires appartenant aux forces aériennes portugaises étaient d’ailleurs présents à Cognac pour la cérémonie de retrait.

/// Mise en service comme avion école

Le 18 juin 1984, les dix premiers exemplaires du TB-30 entraient en service au sein de l’Armée de l’air pour remplacer le Fouga Magister dans sa mission d’avion école pour les élèves pilotes de chasse issus de la filière “ Élèves Officiers du Personnel Navigant”. À lui seul l’avion permet d’assurer la préparation des jeunes officiers à piloter un avion bien plus puissant, l’Alphajet. Au début des années 2000, lorsque le Tucano, utilisé pour former les élèves issus de l’Ecole de l’Air, est retiré du service, le TB-30 va devenir l’unique type avion utilisé pour la formation de pilotage à Cognac, où jusqu’à 110 appareils ont été exploités simultanément sur la base aérienne.

 

En 2007, l’Epsilon est rejoint par le Grob 120 afin de scinder la formation en plusieurs étapes distinctes. Le Grob 120 sera ainsi utilisé pour la formation tronc commun, c’est-à-dire l’apprentissage des premières navigations et les figures de voltige élémentaires, tandis que le TB-30 va devenir l’avion du tronc “pré spécialisation chasse”, qui s’enchaîne après le tronc commun.

Grâce à ses capacités de manoeuvre en vol et sa robustesse, l’Epsilon s’est révélé au cours de sa carrière être un outil de formation particulièrement efficient pour former les personnels navigants. Durant ses 35 années de service, il a connu 225 promotions et permis à 3779 élèves pilotes et 80 navigateurs d’effectuer leurs premières heures de vol sur appareil militaire.

/// Une mission de permanence opérationnelle

Si le TB-30 fût principalement utilisé pour la formation des pilotes, il détenait depuis 1996  un rôle important dans des missions de surveillance du ciel nommé, le DPSA (Dispositif Particulier de Sûreté Aérienne) lors de défilés du 14 juillet, de sommets pour le climat ou encore durant l’anniversaire du débarquement des alliés. Son autonomie sur zone lui permettait en effet de pouvoir surveiller en vol les espaces aériens et même si besoin d’intercepter les avions légers suspects, évitant la mise en œuvre d’un avion de chasse dans les cas les moins sensibles.

Le 14 juillet 2019, six Epsilon effectuent un DPSA lors du défilé sur les Champs Elysées tandis que quatre autres défilent dans le ciel parisien. Cette mission sera le dernier déploiement opérationnel de l’aéronef sous les cocardes françaises.

/// La patrouille Cartouche Doré

En 1989, le TB-30 fête ses 100 000 heures de vol dans l’Armée de l’Air, pour l’occasion, trois avions arborent une livrée noire et or. Alors que l’indicatif radio de la patrouille était “ Cartouche”, la formation destinée initialement à une carrière éphémère fut renommée “ Cartouche Doré”. Le succès de la patrouille fut tel qu’elle réalisa des démonstrations de voltige durant d’autres évènements aéronautiques avant d’être officialisée, sept ans plus tard, comme membre des équipes de présentation de l’Armée de l’air. L’équipe considérée comme “la petite sœur” de la Patrouille de France effectue jusqu’à 12 déplacements par an, notamment pour des meetings où l’Alphajet ne peut atterrir, alors que les TB-30 pouvaient se contenter d’une courte piste en herbe.

 

La patrouille connu hélas un tragique accident lors d’un vol d’entraînement en 2007, entraînant le décès du Lieutenant Chavarot. Le 24 novembre 2016, la patrouille Cartouche Doré est dissoute dans le but de préparer le retrait de service de l’Epsilon.

/// Du TB-30 au PC-21

Début septembre 2018, l’Armée de l’air a reçu à Cognac ses deux premiers Pilatus PC 21 sur 17 commandés dans le cadre d’un vaste chantier de modernisation de la formation des équipages de chasse. Plus puissant, moderne et maniable que le bon vieux TB-30, ce nouvel outil remplacera non seulement les TB-30 mais aussi à terme les Alphajets basés à Tours. Malgré la similitude apparente des techniques de formation sur les deux appareils, il demeure de fortes divergences car 40% de la formation PC-21 s’effectue aujourd’hui sur des simulateurs de vol, alors qu’ils n’étaient utilisés qu’en début de cursus avant de mettre les pieds dans l’avion sur TB-30.

 

L’Armée de l’air dispose à ce jour de trois entraîneurs de vol de PC-21, qui permettent au moniteur simulateur d’être aux côtés de son élève pour effectuer des manoeuvres basiques et s’entraîner à différents scénarios. Le site de Cognac dispose également de deux simulateurs de vol intégral installés dans des sphères permettant l’immersion à 360° complète du pilote. Ces moyens représentent un atout majeur pour la formation et sont utilisés pour des missions à toute étape du cursus des élèves pilotes de chasse.

 

Sur le vrai PC-21, les élèves valident les troncs “basiques” qui étaient auparavant effectués sur TB-30, puis les phases dites “ avancée “ et “tactique”, qui sont aujourd’hui effectuées à Tours et Cazaux. Le regroupement des trois troncs sur un même appareil et en un même lieu apporte un gain de temps et de moyens non négligeable du fait de la grande similitude entre les systèmes présents sur PC-21 et ceux présents sur avion d’arme. La formation des élèves et la familiarisation sur Rafale ou Mirage 2000 s’en trouvent ainsi facilitées et accélérées, comme l’explique à notre micro le Commandant de l’escadron d’instruction en vol 1/13 “Artois”. “On est très optimiste sur la suite et sur la capacité des stagiaires à rebondir sur le Rafale ou le Mirage 2000 après environ 200 heures sur PC-21”.

Le PC-21 remplace également le TB-30 dans sa mission de DPSA depuis août 2019 et a effectué sa première permanence cet été lors du sommet du G7 à Biarritz. Plus rapide et plus maniable en basse vitesse que son prédécesseur, il permet d’intercepter un éventail d’aéronefs plus important.

/// Un dernier tour de piste à la BA709

Pour rendre un dernier hommage à l’avion école, la cérémonie de retrait de service du TB-30 qui était organisée ce mardi 24 septembre à Cognac, a débuté par les prises de commandement des escadrons 1/11 “Roussillon”, 2/12 “Picardie” et 1/13 “Artois” avant le passage à deux reprises, comme pour boucler la boucle, d’une patrouille de 8 Epsilons suivie de près par quatre PC-21.

 

La patrouille de TB-30 était amenée par le capitaine ‘’Chaps”, dernier équipier droit ayant évolué au sein des Cartouche Doré. La cérémonie s’est clôturée par un meeting aérien composé des démonstrations de l’Équipe de Voltige de l’Armée de l’air, de l’Alphajet Solo Display et du Rafale Solo Display.

 

 

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