Le dernier exemplaire d’A380 construit par Airbus et destiné à son client Emirates, vient de réaliser ce jeudi matin l’allumage de ses moteurs (Engine Run) sur le parking « Lagardère » de l’aéroport de Toulouse-Blagnac.
Cet appareil porte le MSN272 et sera donc l’ultime Super Jumbo de l’avionneur européen assemblé à Toulouse. Il symbolise l’arrêt de la production et du programme A380 lancé dans les années 1990 sous le nom de code A3XX.
Le MSN272 a ainsi allumé ses 4 moteurs ce matin avant de se déplacer vers une aire de test pour effectuer des essais de poussées. Selon nos informations, l’avion réalisera son RTO (interruption volontaire de décollage) et son 1er vol (Maiden Flight) mercredi prochain.
Toujours selon nos informations, l’avion s’envolera vers Hambourg pour recevoir sa livrée complète et garnir sa cabine avant de revenir sur Toulouse-Blagnac en stockage pour quelques mois. Sa livraison n’interviendrait ainsi pas avant 2022.
/// Un géant du ciel
Plus gros avion civil pour le transport de passagers au monde, l’A380 est sur le podium des plus gros avions de l’histoire derrière l’Antonov An-225 et devant l’hydravion américain Hughes H-4 Hercules qui surpasse les deux premiers en termes de hauteur.
Le premier prototype d’A380 MSN001 F-WWOW, qui vole toujours sous les couleurs d’Airbus, a réalisé son premier vol le 27 avril 2005 et a été mis en service pour la première fois par Singapore Airlines le 25 octobre 2007.
Symbole de l’aviation commerciale moderne et de l’accélération du tourisme de masse des années 2000, l’A380 donc le coût total de développement est estimée entre 15 et 20 milliards d’euros aura finalement séduit une dizaine de client parmi les acteurs majeurs de l’industrie du transport aérien : Singapore, Air France, Lufthansa, Emirates, British Airways, Korean Air, Qantas, Etihad, Qatar Airways, China Southwest, Malaysia Airlines, ANA, Thaï.
Le programme A380 ne totalisera finalement que 251 commandes, très majoritairement passées par Emirates (123).
/// Stop ou encore ?
Apprécié des passagers mais déjà à bout de souffle commercial après une dizaine d’années d’exploitation, notamment sous l’effet de l’envolée du prix du carburant et de l’arrivée de nouveaux moteurs plus économes, l’A380 subit depuis l’année dernière les effets de la crise sanitaire qui accélère encore un peu son retrait des flottes.
British Airways a annoncé son retrait l’été dernier et le PDG de Lufthansa s’est exprimé publiquement pour expliquer qu’il ne voyait actuellement pas d’avenir pour l’A380 dans la flotte du groupe allemand. Néanmoins, quelques rares bonnes nouvelles pour les aficionados du Super Jumbo sont intervenues au cours des dernières semaines de la part de deux transporteurs de la région Asie Pacique.
Dans le monde de l’aérien post-pandémie, plusieurs facteurs dont l’expansion forte et rapide du Fret ou encore la disponibilité de pièces de seconde main, pourraient ainsi concourir à un regain de rentabilité de l’A380. La crise sanitaire mondiale a non seulement cassé la dynamique de la demande de transport aérien et mis à mal les finances des transporteurs en limitant la capacité d’investissement mais a également transformé de manière fondamentale le marché des voyages d’affaires.
Si il est encore aujourd’hui difficile d’évaluer ses effets à long-terme, on peut toutefois estimer que certaines lignes très fréquentées par les femmes et les hommes d’affaires, souffriront d’avantage et peineront à trouver l’équilibre financier en l’absence d’une partie des revenus de la Business. Dès lors des routes directes très long-courrier, comme le vol direct entre Singapour et l’aéroport de New-York relancé en octobre 2018 par Singapore Airlines en A350-900ULR, pourraient ne plus être rentables.
Les capacités hors normes de l’A380 en matière de distance franchissable, d’emport passagers en cabine et de fret en soute, voire en cabine, sont encore aujourd’hui des atouts majeurs à faire valoir, notamment si l’avion est partiellement ou complètement amorti et surtout bien rempli. Rappelons que l’A380 n’a jamais été exploité à pleine capacité passagers.
La compagnie australienne Qantas a par exemple confirmé qu’un besoin de la flotte A380 existait sur son réseau et que cette dernière serait susceptible de générer des revenus. Le transporteur avait lancé en 2019 le réaménagement intérieur de plusieurs de ses Super Jumbo.
De son côté Singapore Airlines qui exploite également des routes très longues a indiqué qu’elle maintiendra l’exploitation de 12 de ses A380 (19 actuellement en flotte), dont 7 exemplaires feront l’objet d’une rénovation complète des cabines. Le roi du ciel n’est pas encore mort.
/// Airbus : la FAL A380 de Toulouse produira des A321neo
visuels : matdu20eme, Eurospot, Actu Aéro, JB.Rouer et Qantas
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