Selon des informations publiées par nos confrères du Washington Post, des messages instantanés échangés en 2016 entre deux employés de Boeing, indiqueraient que l’avionneur américain était au courant de problèmes majeurs du système MCAS, soupçonné d’être à l’origine du crash de deux 737 MAX en Indonésie en 2018 et Ethiopie en 2019, causant le décès de 346 personnes. La FAA demande des explications immédiates à Boeing.

Boeing B737 MAX 9

Boeing B737 MAX 9

Selon le Washington Post, Mark A. Forkner, alors chef pilote technique du Boeing 737, a écrit au pilote technique Patrik Gustavsson, pour lui indiquer que le MCAS s’engageait «comme un fou» en  qualifiant le problème de «sérieux». Le MCAS (Maneuvering Characteristics Augmentation System), est un système automatisé implanté sur les versions MAX du 737 destiné à compenser automatiquement l’incidence de l’avion en agissant directement sur la commande de trim, de manière à stabiliser l’avion durant certaines phases du vol.

Cette information n’a pas tardé à faire réagir l’administration fédérale par la voie de Steve Dickson, actuellement administrateur de la FAA (Federal Aviation Administration), qui a adressé une courte lettre au Président de Boeing dans laquelle il lui demande des explications immédiates au regard du contexte.

Dans un communiqué diffusé vendredi sur Twitter, la FAA explique avoir été alertée par le Département des Transports de l’existence d’un document, découvert par Boeing il y a quelques mois, évoquant des communications entre deux de ses employés durant le processus de certification initiale du 737 MAX en 2016. Un document transmis par l’avionneur au Département des Transports la veille au soir. « Nous trouvons l’essentiel de ce document préoccupant. La FAA est également déçue que Boeing n’ait pas immédiatement porté le document à notre attention dès sa découverte. La FAA revoit cette information pour déterminer quelle action est appropriée. (…) La FAA suit un processus et non un calendrier prévu pour remettre le Boeing 737 MAX en service commercial. L’agence lèvera son interdiction de vol seulement après avoir déterminé que l’avion est sûr. »

La FAA étant elle même vivement critiquée outre-Atlantique pour la gestion de la certification de ce modèle d’avion et ses relations avec le constructeur dans le processus de certification, cette information pourrait permettre à l’agence américaine de se dédouaner.

Selon une information d’une de nos confrères du Figaro, diffusée sur son compte Twitter, des pilotes d’essais européens réaliserons des vols tests sur 737 MAX mi-décembre. Le directeur de l’EASA (l’Agence européenne de la sécurité aérienne) Patrick Ky estime que la levée de l’interdiction de vol de l’avion dépendra du résultat des vols d’essais effectués des pilotes européens.

/// Une immobilisation qui se prolonge

Rappelons que Boeing a précédemment reconnu un défaut de conception du système MCAS, qui est suspecté d’être l’élément déclencheur du crash de deux appareils en octobre 2018 et mars 2019. Bien que Boeing avait initialement annoncé une remise en service rapide des flottes de 737 MAX, les garanties supplémentaires réclamées par les régulateurs, y compris la FAA, ont freiné toute tentative d’un retour en vol prématuré du modèle initialement prévu mi-mai pour garantir une totale sécurité de l’avion. Depuis le mois d’avril, le constructeur a dû revoir à la baisse la cadence de production de son best-seller et les avions assemblés en attente de livraison continuent de s’entasser sur les parkings, pénalisant aussi bien les opérateurs que les finances du constructeur. Les coûts de production du Boeing 737 ont augmenté de 1,7 milliard de dollars au deuxième trimestre estime Boeing, principalement en raison de la hausse des coûts associée à une baisse des cadences de production qui s’avère bien plus longue que prévu. En avril dernier le constructeur avait préventivement inscrit une provision d’1 milliard de dollars liée au 737 MAX, suivi en juillet d’une charge exceptionnelle de 4,9 milliards de dollars supplémentaires.

Certains opérateurs ont de nouveau reculé la date de retour des avions dans leur flotte en espérant maintenant une hypothétique certification du MAX au printemps 2020 mais une fois l’autorisation de remise en service reçue il faudra probablement plusieurs mois aux compagnies pour remettre en état de vol l’ensemble des appareils actuellement en stockage prolongé.

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visuels : AAF, G.Février et FAA



 
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