L’avionneur européen dévoilera cet après-midi sa feuille de route technologique pour 2020-2025, avec en ligne de mire le lancement d’ici 2035 du premier avion commercial « zéro émission » au monde, qui permettra à l’industrie de l’aérien de faire sa révolution verte et ainsi respecter ses engagements pris en matière environnementale.
Pour soutenir l’ambition de décarbonisation de l’ensemble du secteur de l’aviation, Airbus va donc mettre à profit les cinq prochaines années pour valider de nouveaux concepts qui pourraient être transformés en futurs produits viables pour la gamme Airbus.
« Nous voulons être le premier constructeur mondial à proposer sur le marché un avion propulsé à l’hydrogène. (…) C’est notre objectif depuis plusieurs années. Il y a encore cinq ans, imaginer un avion zéro émission en 2035 paraissait futuriste. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, car on a beaucoup avancé. » explique Guillaume Faury, PDG du groupe Airbus, dans une interview accordée à nos confrères du journal le Parisien.
Le développement d’un avion décarboné nécessiterait bien plusieurs dizaines de milliards d’euros d’investissement mais « pas de rupture technologique majeure » détaille encore le patron du groupe avant d’ajouter « L’hydrogène, on connaît chez Airbus, nous l’utilisons déjà dans nos fusées et nos satellites. »
Airbus se donnerait ainsi cinq ans pour mettre en compétition plusieurs technologies, les maturer et choisir la meilleure avant d’entamer une phase de deux ans pour choisir les fournisseurs et sites industriels qui accompagneront le lancement du programme, prévu aux environs de 2028.
/// Trois concepts à hydrogène
Airbus travaille actuellement sur trois concepts d’appareil commercial à hydrogène comme source d’énergie primaire, qui explorent des approches technologiques et aérodynamiques différentes pour atteindre le vol zéro émission.
Le premier est un avion transcontinental de « configuration classique » de 100 à 200 sièges en cabine et offrant un rayon d’action de plus de 3 700 km (2000 NM) grâce à une motorisation à turboréacteur alimentée par turbine à gaz modifiée pour fonctionner à l’hydrogène plutôt qu’au Kérosène. Dans ce concept qui volera à une vitesse de croisière de 825 Km/h, le réservoir à hydrogène serait placé derrière la cabine, d’où l’absence de hublot à l’arrière de l’appareil dont le fuselage serait ainsi rallongé pour maintenir un nombre de passagers similaire à celle offerte par un A320.
Le second est un avion à hélices de type Turboprop également alimenté par la combustion d’hydrogène dans des moteurs à turbine à gaz modifiés. Il devrait pouvoir embarquer environ 100 passagers sur des trajets plus courts (1850 km ou 1000 NM) et sera donc plutôt destiné à une exploitation sur des marchés régionaux.
Le troisième concept, bien plus disruptif, est une aile volante pouvant accueillir jusqu’à 200 passagers dévoilé plus tôt en 2020. Avec une portée similaire à celle du concept de turboréacteur, ce concept dans lequel les ailes se fondent avec le corps principal de l’appareil, va permettre d’explorer une configuration complètement différente pour le stockage de l’hydrogène, pour la propulsion mais aussi pour l’aménagement de la cabine.
Le groupe Airbus prévoit le lancement de son premier programme d’avion commercial « zéro émission » vers 2028, pour une entrée en service commercial espérée d’ici 2035.
/// MAVERIC : le démonstrateur d’avion « aile volante » d’Airbus
visuels : Airbus
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