La direction de la compagnie aérienne française est entrée en discussion avec le principal syndicat des pilotes d’Air France et Transavia, le SNPL, en vue de permettre à la filiale low cost d’opérer sur le réseau domestique français en récupérant notamment des liaisons aujourd’hui assurées par la compagnie régionale Hop!.
L’option envisagée par Ben Smith, évoquée à mots cachés durant son audition devant le Sénat courant avril, serait, selon nos confrères de La Tribune, de permettre à Transavia d’opérer des vols « point-à-point » depuis le hub de Orly.
Rappelons d’ailleurs que durant l’été 2019, les pilotes du SNPL Air France a dans le cadre d’un référendum consultatif avaient validé la levée des restrictions qui limitaient Transavia à 40 avions en flotte pour la partie française.
Le groupe Air France-KLM souhaiterait donc revoir assez lourdement son offre sur le réseau intérieur français en privilégiant la structure de coût la plus “légère” que propose Transavia pour concurrencer ses principales rivales que sont easyJet, Ryanair et Volotea. C’est en tout cas ce que laissaient penser les propos de Benjamin Smith devant le Sénat en déclarant qu’il était envisageable “d’utiliser d’autres outils d’Air France » pour certaines routes entre certaines villes de province et la capitale française, en rappelant dans le même temps que la compagnie avait perdu 200 millions d’euros de perte d’exploitation l’an passé sur le marché domestique.
« Nous avons beaucoup de travail sur le domestique et nous avons perdu tellement d’argent les années précédentes qu’il faut transformer l’activité. Nous pensons réduire l’activité là où la concurrence est trop forte (…) Pour les lignes transversales, différentes options sont à l’étude pour que l’activité soit rentable le plus rapidement possible.» a expliqué Benjamin Smith aux sénateurs.
A propos du redémarrage de l’activité au cours des prochaines semaines, le PDG estime que la reprise du long-courrier sera plus lente et progressive que le court et moyen courrier. Une situation qui va, selon lui, privilégier encore les acteurs low cost. « La faillite de certains acteurs pourrait nous permettre d’assurer un démarrage plus rapide. S’il y a des opportunités pour faire de la consolidation nous les étudierons mais le but premier est d’assurer la refondation de nos bases pour être le plus efficace possible» et d’ajouter « Les deux groupes low cost européens (NDLR : easyjet et Ryanair) qui n’ont pas d’activité long-courrier pourront redémarrer de manière plus forte et plus rapide ».
/// Du temps et des parts de marché perdus
Année après année, saison après saison, les compagnies aériennes low cost ont depuis leur arrivée sur le marché français grignoté les plates bandes de la compagnie nationale dans les aéroports régionaux en multipliant les ouvertures de lignes point à point en Europe et en opérant aussi quelques lignes sur le marché intérieur, les plus rentables. Dans le même temps, la direction d’Air France-KLM était contrainte de jongler entre les accords interprofessionnels, dont « l’accord de périmètre » qui bloquait le développement de Transavia, les contrats de travail offrant des conditions différentes entre Air France, HOP! et Transavia. Une situation dans laquelle chacun défendait à juste titre ses intérêts mais qui a sans doute aussi pénalisé la partie française du groupe, régulièrement empêtrée dans les négociations ou les conflits sociaux qui ont aussi largement contribué à éroder son image de marque à l’international.
Au delà des postures « d’une grande famille » affichées par les directions de chaque entités d’Air France – KLM, la crise mondiale du transport aérien que traversent avec plus ou moins d’agilité les compagnies aériennes est sans doute l’occasion de ramener cohérence et unité au sein du groupe. C’était en tout cas l’un des espoirs rattachés à la nomination de Ben Smith à sa tête.
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visuels : AAF et G.Février
Transavia reprend bien les lignes intérieures françaises d’Air France mais impossible d’utiliser les avoirs émis par Air France en raison du COVID. Encore une fois le client est au centre de toutes les attentions. Vive le service client à la française…..
Bonjour et merci de votre message en témoignage de votre expérience avec Air France et Transavia. C’est tout de même bien triste commercialement parlant de ne pas pouvoir facilement utiliser un avoir AF sur un vol Trasavia (Groupe AF-KLM), d’autant plus si l’exploitation est depuis faite par Transavia…mais je ne sais pas si c’est le cas dans votre situation)
Quoi qu’il en soit, Air France devait légalement vous proposer un remboursement suite à l’annulation de votre ou de vols, y compris en période de Covid. Une négociation avec le service client d’Air France (sans aller jusqu’au contentieux) reste peut être possible afin de débloquer votre situation et obtenir un transfert de l’avoir vers Transavia ou à défaut un remboursement. Bon courage dans vos démarches.